LA CHAPELLE LAUNAY | |||
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Enfouir son argent en terre constituait dans l'Antiquité le plus sur moyen de le préserver. A la suite de la découverte, vers 1904, de monnaies, lors du ratelage des grains, un érudit local, M. Vigneron de la Jousselandière, fit creuser le champ. Fin 1906, on découvrit les restes d'une céramique brisée par la charrue qui contenait 3000 à 4000 pièces en billars. Les dernières pièces sont au nom d'Aurélien (270-275) ce qui permet de dater l'enfouissement des troubles des années 270-275.. Parmis les monnaies figuraient 39 deniers en assez mauvais état des Antonins (2ème siècle), un unique aureus au nom de l'usurpateur Postumus (empereur gallo-romain qui fit preuve de sécession avec Rome), une bague en or portant les lettres RIC sur le chaton (troublant non !!!) et 7 cuillères en argent. A la Chapelle Launay apparaissent des imitations radiées au nom de Tétricus, de frappe locale vraisemblablement de Donges, véritable monnaie de nécessité en période de disette monétaire (valeur fiduciaire). Ce trésor réunit à la fois d'ancien deniers, une monnaie d'or et au moins 600 imitations. Source : Musée Dobrée Comme en témoigne les vieux documents, l'origine de la Chapelle Launay est très ancienne. L'Abbaye de Blanche-Couronne est fondée au XIIème siècle. C'est de 1161 que date le premier document sur l'Abbaye de Blanche Couronne. Elle abrita des Moines jusqu'à la révolution. La paroisse est citée un deuxième fois pour un litige fiscal entre un seigneur et un prieur en 1188. La paroisse est citée une troisième fois en 1283 dans un acte de donation entre Noble Dame Constance de Pontchâteau et l'Abbaye de Blanche-Couronne. Une Chapellenie y fut fondée en 1329 par Hilaire Seigneur de Mareil. Le premier nom connu est Alnetus, déformation d'Alneus, l'aulne, cette arbre connu pour son bois blanc. Le nom a varié au cours des 12ème et 13ème siècles, puisque dans le cartulaire de Blanche-Couronne en 1259, elle est appelée Altentum, puis, dans le cartulaire de Redon en 1287, Capella de Alnéto et aussi Capella de Auneio, pour devenir à une époque plus récente (vers 1600) Chapelle de l'Aulnaye et enfin Chapelle de Launay. A priori la présence des Aulnes a aussi donné son nom à l'Abbaye Blanche couronne, c'est à dire l'abbaye entourée de sa couronne de bois blanc. La paroisse avait autrefois 4 frairies : Mareil, la Montagne, la Touche Haute et la Touche Basse. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle le territoire actuel a cette forme allongée que nous lui connaissons, plongeant dans la Loire pour remonter, au-delà du Sillon, aux portes de Campbon. Les anciennes maisons nobles sont : Mareil, antérieure au XIIIème siècle et la Baratterais. La Chapelle Launay était partagée entre 2 juridictions seigneuriales qui exerçaient toutes les deux la haute justice. L'une était la Seigneurie de Mareil qui possédait notamment les métairies de la Haie de Maure, de la Chicaudais, de la rue d'Appée et de la rue de Bas (La famille RICORDEL a séjourné pendant plusieurs générations dans cette dernière). L'autre était l'abbaye bénédictine de Blanche-Couronne. L'abbaye continua même aprés le départ des Moines a prélever des revenus importants (1844 Livres), presque aussi importants que ceux qui faisaient vivre le curé et le vicaire (1954 Livres). Suite à mes diverses lectures, je propose pour ma part aux lecteurs une partition de la Chapelle Launay en 3 juridictions. En effet, depuis tous petit on me parle de la Basse Chapelle et du bourg, avec d'ailleurs une certaine connotation sociale, comme deux entités distinctes. Mais cette partition est peut-être plus que géographique : La seigneurie de Mareil comme vassal d'un plus grand ensemble
la Vicomté de Donges. La Vicomté de Donges en effet
s'étend le long de l'estuaire au moins de Donges à
Cordemais. Je n'imagine pas que la vicomté est eut une discontinuité
au niveau de la Chapelle Launay. La Vicomté de Donges avait
pour but la protection de l'estuaire. Vicomté d'ancienneté,
Donges relevait directement du duc de Bretagne et plus tard du roi
de France, sous leur juridiction de Nantes. A l'origine cette vicomté
comprenait la châtellenie de Saint-Nazaire et la seigneurie
de Lavau, qui en furent démembrées d'assez bonne heure.
Plus tard, à la fin du XVIème siècle, la baronnie
de la Roche en Savenay fut annexée à la vicomté
de Donges, mais sans lui être régulièrement
unie ; aussi parlerons-nous plus loin seulement de cette baronnie. L'Abbaye de Blanche Couronne comme pivot central, avec un territoire peut être restreint sur la commune, mais possédant de nombreuses terres incluses dans les seigneuries alentours, administrées par ses prieurés. La Chatellenie de Campbon, incluant le nord de la Chapelle Launay et particulièrement le bourg, avec pour centres de gravité successifs Pontchâteau , Blain, Coislin. La Paroisse de la Chapelle Launay est donc anachronique par son manque d'unité territoriale (forme allongée) et politique ( plusieurs juridictions). L'union de la Basse Chapelle et du Bourg s'est peut être faite lors de la création de l'Abbaye de Blanche Couronne qui aurait servi de trait d'union. La Basse Chapelle est plus proche de Lavau que de la Chapelle Launay, ce qui a du conduire notamment à la construction des chapelles de Mareil et du Fresne. En juin 1468 François II rabat les fourrages des paroisses
suivantes: Inventaire après décés de la Haie de Maure Acte de vente du 07 Avril 1565 : Source : Association historique du pays de Campbon. Un hiver terrible survint à la fin de 1708. Il fut si violent qu'une grande partie des oiseaux périrent de froid. Diverses espèces d'arbres, les pins , les noyers, les abricotiers, les houx, les ajoncs furent détruits. Les céréales ayant manqué la disette se fit sentir. Le froment valait au mois de décembre 20 livres le quart. Le peuple des campagnes était réduit à la plus affreuse misère. Plusieurs morts de faim. Les pauvres pour se nourrir se disputaient les racines des fougères d'asphodèle de ciblus et de pirote. Cet état dura jusqu'au milieu de l'année 1710.
(Registres paroissiaux C-L) Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la Chapelle Launay dépend
du Duché de Coislin. Samedi 2 février 1793, Audubon (Père
du naturaliste), commissaire de la république pour le district
de Savenay, se rend à Campbon. En passant par la Chapelle Launay,
il fut le témoin des préparatifs d'un rassemblement religieux
dissident. C'était le jour de purification de la Vierge. Audubon
était accompagné du citoyen Meignen, vice président
du directoire du district, qui put lui donner quelques explications.
Voici commentles faits son relaté: Audubon a été envoyé pour collecter
des renseignements sut l'état civil, moral et politique, ainsi
que le renouvellement de quelques municipalités. Des élections
ont eût lieu en Décembre mais beaucoup ont été
annulées pour irrégularités dans la forme. Surement
un prétexte masquant le refus des patriotes révolutionnaires
de reconnaître des municipalités de tendance aristocratiques.Peine
perdue d'ailleurs,car les résultats des nouvelles élections
furent semblables aux précédentes. Le 5 février, Audubon convoque les municipalités
de la Chapelle Launay et Prinquiau dans cette dernière. Son discours
civique n'a pas d'effet, "étant tous endoctrinés
par leurs infernales bons prêtres". Ses interlocuteurs se
plaignirent des impositions foncières et mobilières "disant
qu'ils en payoient beaucoup dans l'ancien régime". Questionnés
s'ils avaient désarmé quelques gens suspects, ils répondirent
"Non, en ce sens qu'il le sont tous" . Audubon les trouva
d'une aristocratie dangereuse que peu de choses révolteraient.
Ils refusèrent le serment et Audubon de conclure :" Nous
nous sommes retiré le coeur navré de douleur d'avoir été
obligé de nous trouver en aussi mauvaise compagnie de contre
révolutionnaires et d'infernales aristocrates". Source : Association historique du pays de Campbon. Le 23 Décembre 1793 c'est la bataille de Savenay. Les derniers éléments de l'armée vendéenne résistent pour couvrir la retraite de quelques survivants notamment dans les bois de Blanche Couronne. La Chapelle Launay En 1917 l'amérique entre en guerre au côté des alliés. Savenay est une base arrière ou est construit notamment un barrage pour l'alimentation en eau de l'hôpital militaire dans l'ancienne école normale. Sur la chapelle launay passe une voie de chemin de Fer par la Vallée Mismi dont on voit toujours la levée de terre. Dés le début de la guerre en 1939, les Anglais installent un important camp à la Berthelais. De nombreux réfugiés espagnols ayant fui leur pays après la victoire de Franco, participent à sa construction. Des quantités importantes de matériels et devivres y sont stockées. En juin 1940, les Anglais quittent précipitament le camp qui est livré au pillage. Avec l'occupation, le camp est utilisé d'abord pour le regroupement de prisonniers français, dans des conditions difficiles, avant le départ pour l'Allemagne, puis ensuite un vaste dépôt pour l'armée Allemende.
Les troupes allemandes de ce secteur étaient commandés par un colonel SS et son état-major qui résidait au camp de la vallée Mismy. Les gens de la Chapelle Launay se souviennent d'un certain Kurt bien connu pour sa méchanceté. Le camp a été construit par l'entreprise TODT avec le concours des prisonniers et des réquisitionnés un camp de repos pour les officiers et mariniers de la Kriegsmarine de la base sous-marine de Saint Nazaire. Le 11 Mai 1945 a lieu la reddition de la poche à Bouvron. |